L’Affop s’est donné pour mission depuis 1998 de rassembler les organisations représentatives de l’ensemble des courants de la psychothérapie relationnelle autour d’une communauté de valeurs professionnelles et éthiques qui considèrent la relation praticien / patient comme le ressort principal de l’évolution du cheminement thérapeutique.

L’approche relationnelle en psychothérapie considère comme essentiels :

– La prise en compte des divers déterminants existentiels du patient (biologiques, familiaux, culturels, sociétaux) et de leur poids respectif dans la construction de son rapport singulier au monde.

– La primauté de l’engagement du praticien en tant que personne.

– Le rôle primordial de l’intersubjectivité et de la coresponsabilité des partenaires de la relation dans la – dynamique thérapeutique.

– L’intégration d’une épistémologie de la complexité du sujet en devenir qui ne le réduit ni aux théorisations préétablies du psychisme ni aux classifications fondées sur ses symptômes.

– Une formation approfondie théorique et pratique du thérapeute incluant l’expérience d’une psychothérapie personnelle et une accréditation par les pairs.

Les inquiétudes soulevées par les évolutions actuelles concernant la pratique des psychothérapies :

Regroupant de nombreux psychopraticiens, psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes investis dans la formation et la pratique des psychothérapies relationnelles, l’Affop s’est trouvée vivement interpellée par la proposition, le 7 avrildernier, d’une loi sur la création d’un ordre des psychologues déposée par un groupe de parlementaires LR auprès du parlement sans consultation préalable des organismes représentatifs concernés.

L’arrêté du 10 mars 2021 (article R 21356-2) du code de la santé publique définissait déjà l’ « expertise spécifique » des psychologues intégrés dans un parcours de soins concernant les interventions précoces auprès des enfants et sa prise en charge par l’assurance maladie tout en restreignant drastiquement et arbitrairement les approches et les outils prescrits en matière de traitement en les limitant à 3 orientations thérapeutiques (cognitivo-comportementale, remédiation neurologique et cognitive et psychoéducation).

Le risque d’ingérence permanente de la politique dans le champ du soin psychique s’est vu également confirmé par la création imminente d’une liste nationale ADELI rattachant les psychologues au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) placé sous la tutelle du monde médical se réservant l’exclusivité de la prescription et de la sélection des pratiques acceptables, dépossédant cette profession d’une autonomie chèrement acquise depuis 1985.

Face à la difficulté de répondre adéquatement aux besoins de soins psychologiques de nos concitoyens fragilisés par la crise sanitaire et à l’insuffisance des moyens disponibles, de nouvelles propositions gouvernementales se mettent en place chaque jour visant à réguler et contrôler un métier aux frontières incertaines. L’Affop voit dans ces divers mouvements se profiler la possibilité d’une réglementation prochaine de plus en plus restrictive des titres et pratiques des professionnels concernés par la psychothérapie.

C’est donc au nom des principes fondateurs et des valeurs prônés par l’Affop que nous entendons réaffirmer et défendre plus que jamais :

– Le principe démocratique qui reconnaît au patient le libre choix du professionnel et de l’approche thérapeutique qui lui convient sans avoir à passer par l’obligation d’une consultation médicale qui imposerait ses normes et régirait les conditions de remboursement et le nombre des séances.

– Le refus de considérer le praticien comme un simple technicien du soin.

– La liberté et la responsabilité du praticien lui-même quant au choix de la méthode qu’il propose au patient dans le respect de principes déontologiques et des modalités de contrôle établis par les organismes de référence auxquels il adhère (reconnaissance par les pairs, déontologie, supervision).

– Le refus d’aborder et d’assimiler la souffrance psychique à une maladie (médicalisation de l’existence) et de réduire le traitement de la santé mentale aux seules théories et méthodes neurocognitives.

– Le rejet d’une pensée binaire imprégnée de productivisme et de normalisation qui infantilise et déresponsabilise le patient.

– Le primat donné à sa parole et à la singularité d’une rencontre à l’écoute de l’imprévisible.

– L’adhésion à une épistémologie complexe refusant la réduction du patient à son symptôme sur le modèle d’une pathologie dysfonctionnelle, définie comme un simple trouble à rééduquer.

– L’importance d’une approche globale et écosystémique de la personne humaine dans sa singularité.

– L’importance d’une formation professionnelle généraliste en sciences humaines et sociales du praticien et d’un accompagnement continu de sa pratique.

– La revendication d’un champ de compétence situé largement au-delà de celui de la santé, du bien-être ou de la seule adaptation sociale.

– La reconnaissance d’une expertise de haut niveau, d’un intérêt permanent pour la recherche dans la pluridisciplinarité au service de l’humanisation de la vie commune.

EN CONSÉQUENCE

L’Affop appuie sans réserve les associations de psychologues ayant formulé un recours auprès du Conseil d’État contestant la légalité d’une définition de l’expertise des psychologues par le ministère de la santé.

– S’associe au rejet de toute proposition de loi sur la création d’un Ordre des psychologues.

– Soutient tout recours, pétition, déclaration de principe, combat professionnel social ou politique d’organismes partageant ses principes et son éthique.

– Invite ses membres à titre individuel ou collectif à se mobiliser pour défendre leur choix d’une pratique fondée sur ces valeurs réfléchies et à se joindre à tout mouvement initié par des groupes de concitoyens qui les partagent.