Le SNPPsy a connu sa passionaria. Danièle Dézard, dite aussi Danièle des Arts car elle en illustrait les compétences, Secrétaire générale durant la première décennie de ma mandature, juste avant la grande secousse du passage à la FFdP, elle investit la fonction avec brio et la magnifia. Des années syndicales durant, au cours de ses mandatures répétées. Faut-il déterminer les dates de son passage aux affaires ? Son action ne se limita nullement à sa période éclatante. À qui peut-on téléphoner de jeter un œil aux archives de la rue des Archives (sic) et nous fournir sans barguigner les précieuses dates ? mais à Danièle évidemment ! elle savait tout, absolument tout, de notre vie syndicale. Il semblerait que sa ligne ne réponde plus. À qui alors confier cette précieuse mission, à la veille du 40 ème  anniversaire bientôt à venir, reporté en novembre ? à son vieux complice Yves Lefebvre par exemple.

Quoi qu’il en soit, la disparition de cette grande serviteure de notre syndicalisme des psychothérapeutes — notre titre d’exercice de l’époque, dont se sont emparés et parés comme des plumes du paon les drôles d’oiseaux de la psychologie au début du siècle —, endeuille y compris ceux qui sont entrés dans la carrière quand leurs aînés n’y étaient plus.  Et nous invite au devoir de mémoire. Danièle Dézard fut étincelante, d’intelligence (supérieure en l’occurrence, un vrai plaisir), d’efficacité, de dévouement, de brio, d’amitié camarade, de sens politique, de finesse en tous genres. Qualités associées à un talent culinaire inoubliable, mise en œuvre dans nos locaux avec sa fille. Il faudra retracer, après une collaboration journalistique avec Michel Meignant à Union, durant ce qu’on pourrait nommer des années folles, précédant les années 80, ses désemmêlées d’avec son premier compagnon de route militante, car il avait fallu passer d’une période à la suivante, puis sa contribution à la remise en bon ordre du SNPPsy, avant le passage au fédéralisme (FFdP puis AFFOP) à la toute fin du siècle, remodelant radicalement notre paysage, agrémenté de la création de la psychothérapie relationnelle.  Il faut mentionner aussi son aide à la mise en œuvre de l’Association européenne de psychothérapie sous la houlette d’Alfred Pritz, qu’elle découvre à Londres aux côtés de Michel Meignant, et j’en passe. Originale et merveilleuse dame indigne elle aura couronné sa vie avec cette improbable boutique à Joigny, faute de s’être installée en Grèce selon son cher vœu de Corse convaincue. Et maintenant, où va-t-elle s’installer pour les décennies qui viennent, et pour faire quoi ? à nous de le dire — et de le faire.

Son œuvre, sa contribution au développement et à la structuration de notre syndicat, fut considérable. Éphémère comme tout ce qui touche à la vie politique et associative. Elle mérite qu’on revienne sur son action et activité pour lui rendre un éclatant hommage. Il reste heureusement à notre local encore une pièce non baptisée d’un nom de dirigeant historique, le local du… Secrétariat général, ça tombe à point nommé. Cela serait bienvenu qu’il reçoive son nom, ainsi provisoirement éternisé. Elle avait assez d’humour pour pouvoir s’en amuser outre-tombe.

Danièle Dézard mérite un hommage marqué. Merci très chère Danièle pour tout ce que tu as fait pour nous, avec ta fougue, ta vision juste des choses, ta passion efficace, ton caractère incomparable. Ceux qui t’ont approchée, marqués par toi, t’admirent et t’aiment. Je suis l’un d’eux. Je t’embrasse pour toujours.